Je n’avais jamais pris l’avion avant ce 2 octobre mais ce fut, hormis le décollage qui a quelque chose de grisant, moins palpitant que je l’espérais.
J’étais heureux de constater que ma place était située sur le côté avant de me rendre compte que mon siège était parfaitement situé entre deux hublots sans que je pusse voir convenablement à travers aucun des deux. Situation un peu embêtante quand on a onze heures et demie d’attente devant soi. Heureusement, chaque siège est équipé d’un écran largement alimenté par des programmes d’actualité, documentaires, des films récents et beaucoup de musique. J’ai commencé par vouloir écouter le poème symphonique « Hope » que le violoniste Tarô Hakase a composé pour Final Fantasy XII, avant de me rendre compte qu’il était impossible d’écouter de la musique d’orchestre avec un accompagnement d’avion, surtout quand des turbulences la coupaient toutes les trois secondes (Ravel, qui envisageait d’écrire « Un avion en ut » n’aurait, lui, peut-être pas détesté l’idée). J’ai donc continué avec la chaîne jazz, légèrement plus audible, cependant pas assez pour que ce fût agréable, avant de me résigner à consulter le trajet de l’avion.
Avec ces données, j’ai découvert qu’un avion de ligne pouvait aller jusqu’à 12000 km de hauteur et voler au-delà de 1000 km/h, tandis que la température extérieure pouvait dépasser les -60°C alors qu’on étouffait à l'intérieur. Chouette tout ça, mais ça n’a pas vraiment fait avancer le temps. En pratique, parce qu’en théorie, allant vers l’Orient à l’encontre de l’horloge, ce sont quelques heures de ma vie qui se sont évaporées. (Applause, svp).
Non, chers lecteurs, l’avion ne m’a pas rendu mélancolique, pas plus que l’arrachage de mes dents de sagesse le mois dernier ne m’a rendu plus agité. En tout cas, j’ai plus tard tenté à nouveau la radio, puisqu’il y avait une chaîne classique, mais le « Rosenkavalier » ne m’intéressant pas trop et la mazurka de Chopin étant aussi inaudible que le poème symphonique, j’ai encore abandonné, espérant trouver le sommeil.
Je me trompais et je n’ai finalement pas dormi plus d’une heure dans tout ce voyage. J’ai donc pu assister au curieux bal nocturne des hôtesses, fermant les hublots des étourdis avec une baguette et manquant de leur casser le nez, proposant des couvertures aux congelés somnolant et de l’eau aux insomniaques.
De temps en temps, en me contorsionnant, j’ouvrais discrètement le hublot qui se trouvait derrière moi en en couvrant le côté donnant sur le passager endormi de derrière avec un coussin et je tentais de prendre une photo de ce qui nous servait de décor, que ce soient des nuages, des vallées ou du givre sur les carreaux.
Arrivés à l’extrême-est de la Russie, on a commencé à rouvrir les hublots puis approchant des terres japonaises, on nous a servi un petit-déjeuner (à base de saucisse et de divers autres trucs sucrés ou salés) qui n’était pas si mauvais que ça. De toute façon, ayant à peine dormi, je m’étais affranchi de la surprise du salé au petit-déjeuner. Le repas de la veille était très bon aussi, lui aussi, ainsi que les petits en-cas japonais offerts par le personnel de bord.
Peu avant l’arrivée à Tôkyô était présenté sur les écrans un programme d’étirement mettant en scène les hôtesses de l’avion. Adolescent mouton noir que je suis, j’ai évidemment renoncé à suivre ce stupide programme devant tout le monde, faisant quand même discrètement sous mon siège les petits ronds des pieds présentés à l’écran.
Mon premier contact visuel avec le Japon fut agréable puisqu’il a s’agi de quelques îlots surplombés par des nuages colossaux qui m’ont laissé rêveur.
Quelques minutes plus tard, c’était l’arrivée à l’aéroport de Tôkyô-Narita. Voilà, nous sommes au Japon, les hôtesses nous remercient en rang (à la japonaise, trop poliment pour un Occidental, donc) et quelques tapis roulants plus tard, les démarches administratives commencent. Il s’agit, après avoir rempli un formulaire nous demandant divers renseignements (nom, adresse, avez-vous de la drogue sur vous ?) de faire tamponner son visa, ce qui revient à retourner un sablier d’une année. La date d’expiration de mon visa est donc fixée au 3 octobre 2008.
Après ça, c’est parti pour environ trois heures d’attente atténuées entre autres par la récupération des bagages, la pause-boisson puis l’enregistrement des bagages.
C’est ensuite reparti pour un peu moins de trois heures d’avion (Tôkyô – Naha). Dans l’appareil, il y a une population majoritaire, laquelle ?
Voici quelques indices :
- ils ont les cheveux très courts
- ils sont musclés
- ils sont habillés en vert et marron
- ils mâchent du chewing-gum
Deuxième question : pour quelle raison vont-ils à Okinawa ?
Oui, j’ai entendu la bonne réponse au fond ! Comment ? Eh non, pas le tourisme, la montre RTL sera pour la prochaine fois !
Non, bon, vous aurez deviné de qui je veux parler. Hein ? Pas encore ?
Alors voici un dernier indice sous forme d’anecdote : nous sommes à dix minutes de l’atterrissage, quelqu’un m’interpelle et me demande quelle sera l’heure locale. Je lui réponds gentiment dans un anglais un peu rouillé. C’est alors que l’écran affiche pour la trentième fois du voyage « Okinawa : 20h30 ».
Si avec ça vous n’avez pas trouvé, je ne peux plus rien faire !
Plus tard, à notre arrivée à l’aéroport de Naha, trois personnes sont venues nous trouver, il s’agissait du responsable du service international, d’une prof qui se charge également du service international, et d’une des trois Okinawaïennes une année rennaises l’an passé.
Après nous avoir passé un collier de fleurs autour du cou, ils se sont présentés et nous ont accompagnés vers la sortie où j’ai eu mon premier contact avec le véritable air japonais.
Ouch, je n’avais pas pris un tel vent chaud dans le visage depuis bien longtemps. Finalement, ce n’est pas si irrespirable que ça pour qui a connu un été dans le sud de l’Europe mais c’est tout de même surprenant après une journée dans une succession d’espaces climatisés.
L’accueil a été très chaleureux et dans la voiture nous menant à nos logements, on nous a indiqué, au cas où nous ne l’aurions pas remarqué, que les habitants d’Okinawa étaient des gens ouverts et gentils.
Une fois débarqués à Ginowan City, on nous emmène brièvement au service international, pour nous montrer où aller le lendemain matin, puis on nous invite à appeler nos parents (il devait être quelque chose comme 15h en France) ainsi que le service international de Rennes, qui a l’air soulagé d’apprendre qu’il n’aura – enfin –plus à s’occuper de nous.
Finalement, on nous emmène jusqu’à notre immeuble où nous attendent les autres locataires, qui sont de Corée (du Sud, est-il nécessaire de le préciser ?), de Macao, Taïwan, ou du Japon « métropolitain ». Ceux-ci, très gentils, décidément, nous accompagnent au petit supermarché du coin afin qu’on y achète de quoi survivre pour la soirée. On y fait faire notre carte à points : nous voici déjà fidélisés.
Après ça, déballage de valise puis dodo. Plusieurs réveils intempestifs sont venus troubler ma nuit mais ce furent les seuls effets collatéraux du décalage horaire.
Les jours suivants, quand les profs me demandaient si j’étais fatigué, si je répondais que c’était le cas, c’était moins pour dire la vérité que pour éviter d’affronter une conversation en japonais que je n’étais pas – ni ne suis – encore capable d’assumer.
En meme temps le service de RI de Rennes2, pour ce qui est de s'occuper des étudiants à l'etranger, je commence à avoir un doute ... 3 semaines que j'attends un mail assez important, malgré des relances par des personnes IRL.
RépondreSupprimerBon, les photos des okinawaienne, elles sont pour quand ??
Tu oublies quand même de précisr que la veille tous les étudiants étrangers et pas mal de monde vous ont attendus...en vain.
RépondreSupprimerEt sinon mettre les japonais du Hondou avec les ryugakusei dans le même sac, c'est criminel!
On est d'accord R2 sux.
Hé ho là, Strauss c'est très bien ! (à défaut du Chevalier à la rose, écoute les 4 derniers lieder)
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