Billet de 2000 yen

Emis en 2000, année du sommet du G8 à Okinawa, le billet de 2000 yen fait partie des fiertés locales puisqu'il arbore la "Shureimon", porte menant au château de Shuri. Sur son autre face est dessinée une scène du fameux Dit du Genji.

Voici des extraits d'un discours prononcé en 2000 à l'IFRI par le ministre des affaires étrangères de l'époque, Yohei Kono :

Le gouvernement japonais émettra cette année un billet de 2000 yen. Cette décision est bien entendu sans comparaison avec l'événement qu'a été la naissance de l'euro, la monnaie unique européenne. Sur ce billet de 2000 yen, sera représentée une scène du plus grand chef d'oeuvre de la littérature japonaise, le Dit de Genji, achevé dans la première moitié des années 1010 : nous remontons donc près d'un millénaire en arrière. Le Dit de Genji est d'ailleurs censé être le plus ancien roman du monde. Il a une signification très importante car il fut un des premiers ouvrages écrits en caractères d'écriture phonétique du japonais appelés "kana". On dit que la naissance de la nation japonaise avec un système politique centralisé à l'instar du modèle chinois a eu lieu au milieu du VIIème siècle. Pendant plusieurs siècles, tous les écrits, qu'il s'agisse de textes officiels, de chroniques, de littérature, étaient transcrits non pas dans un système d'écriture japonais mais en idéogrammes chinois, appelés "kanji". Parallèlement, pourtant, une écriture syllabaire purement japonaise, dont les caractères sont issus d'idéogrammes simplifiés, va se développer petit à petit dans la vie quotidienne, dans les journaux intimes ou dans la littérature écrite par les femmes. Le Dit de Genji, écrit par la dame d'honneur Murasaki Shikibu, sera en quelque sorte l'aboutissement de cette évolution. Ainsi, pour nous autres japonais, le Dit de Genji est un symbole de l'avènement d'une nation japonaise originale, certes née du rayonnement de la culture chinoise et formée plus ou moins à partir du modèle chinois mais qui s'affirme désormais comme une entité culturelle unique. [...] Nous souhaitons que le Sommet de Kyushu/Okinawa en juillet prochain sous la présidence du Japon soit le premier objet de cette nouvelle coopération nippo-européenne. Le Sommet des pays les plus industrialisés de la planète a déjà été organisé trois fois au Japon, mais à chaque fois il se tint à Tokyo. Cette année, sous la forte impulsion de Monsieur le Premier Ministre Keizo Obuchi, ce sommet aura lieu pour la première fois hors de la capitale nippone. Okinawa est une terre pleine d'attraits et de caractère, riche d'une culture originale : le choix de ce lieu m'apparaît comme particulièrement judicieux pour montrer aux chefs d'Etat et de gouvernement du monde la grande diversité de l'archipel nippon. Sur le verso du billet de 2000 yen dont j'ai déjà parlé, où figurera une scène du Dit de Genji, nous trouverons la porte de &laqno; Shurei-mon » qui représente l'architecture d'Okinawa. Cette porte fut bâtie pour la première fois à l'époque de la dynastie Ryukyu, c'est-à-dire, pendant la première moitié du XVIème siècle, et symbolise sa riche culture portée par une longue histoire. Par ailleurs, Okinawa, géographiquement proche de la Chine méridionale et de l'Asie du Sud-Est, présente un caractère de carrefour économique ou des civilisations asiatiques. De ce fait, le prochain Sommet sera caractérisé par une plus grande prise de conscience des vues asiatiques. Compte tenu des caractéristique d'Okinawa et du déroulement du Sommet dans cet endroit, j'espère qu'au cours de la réunion les chefs d'Etat et de gouvernement pourront prendre le temps de discuter du rôle que les pays industrialisés peuvent jouer pour construire un futur riche de créativité entre les pays, tout en respectant la diversité des civilisations et des cultures.

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